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Le 4-4-2 est-il mort ?

La Coupe du monde en Afrique du Sud l'a confirmé : le 4-4-2 n'est plus aujourd'hui le système tactique majoritaire. La grande majorité des équipes présentes évoluaient ainsi dans des formations différentes. S'il reste encore très utilisé en Angleterre, il n'est donc plus aussi prisé ailleurs, alors qu'il était l'organisation dominante depuis les années 1970. C'est l'avènement d'une nouvelle ère dans le football, celle des formations "à quatre bandes".



Un 4-4-2 "à plat".
Pendant longtemps, le 4-4-2 était la formation dominante de la planète football. Quatre défenseurs, quatre milieux de terrains, et deux attaquants. Considérée comme très équilibrée, elle était la mise en place "basique". Elle est également la plus simple à comprendre, surtout dans le cas d'un 4-4-2 "à plat" : deux lignes de quatre joueurs, et les deux attaquants devant. Mais aujourd'hui, le 4-4-2 ne semble plus être l'organisation la plus prisée. Même s'il est possible de le décliner de différentes manières (à plat, donc, mais aussi avec un milieu de terrain en losange, avec deux milieux de terrains excentrés plus avancés, ou encore avec trois milieux défensifs centraux et un meneur de jeu, avec un attaquant plus en retrait...), il a aujourd'hui perdu de son attrait.

Des relations triangulaires

Un 4-5-1 en phase défensive peut devenir un
4-3-3 en situation offensive.

La raison ? Finie la domination du carré ! Désormais, la tactique se pense en triangles. L'avènement du Barça de Frank Rijkaard, puis de Pep Guardiola, est en partie responsable de cette évolution "géométrique". Jugé trop restrictif, trop rigide, le 4-4-2 laisse désormais la place à des formations plus fluides, qui évoluent selon les situations de jeu. Un 4-3-3 en situation offensive, avec deux attaquants sur les ailes, peut par exemple devenir un 4-5-1 en situation défensive grâce au repli de ces ailiers. Mais surtout, ces formations ne sont plus pensées en trois "bandes", de défenseurs, milieux et attaquants, mais en quatre, séparant les milieux de terrain à vocation défensive et ceux situés plus haut sur le terrain. Ce qui était un 4-3-3 devient ainsi souvent un 4-2-3-1 (formation utilisée par l'équipe de France de Raymond Domenech), ou un 4-3-2-1 (on peut penser au Barça, avec son milieu de terrain à trois, et ses deux ailiers en soutien de l'avant-centre). Et ces formations à quatre bandes favorisent les relations "triangulaires". Le FC Barcelone de Pep Guardiola, avec son jeu en passes courtes, se base énormément sur ces systèmes de passes en triangle. Certaines équipes cherchent à l'imiter, comme Arsenal en Angleterre, ou dans une moindre mesure le LOSC en France.

Les relations triangulaires
dans un 4-2-3-1.
Et ce sont les succès du Barça avec ce type d'organisation qui ont poussé à l'avènement des formations à quatre bandes. La primauté va désormais à l'espace. Or, dans des formations à plat comme le 4-4-2, il est plus difficile d'en créer. Au contraire des systèmes à quatre bandes, puisque certains joueurs particuliers sont censés se situer dans l'espace entre les lignes adverses. Dans un 4-2-3-1, par exemple, le meneur de jeu (qui fait partie des trois milieux offensifs) est censé se balader dans l'espace entre les défenseurs et les milieux de terrains adverses. Le remède est alors de jouer avec un milieu défensif, sentinelle devant sa défense, qui comble cet espace. Le meilleur exemple étant peut-être Claude Makelele, dans le Real Madrid du début des années 2000.


Ce sont donc les relations de passes triangulaires entre les joueurs qui permettent d'utiliser au mieux l'espace. Chaque joueur est censé avoir au moins deux solutions de passe proche de lui. C'est une configuration qui permet l'élimination d'adversaires dans des périmètres plus ou moins grands, par des passes à une touche de balle. Le Barça en a fait une spécialité, notamment grâce au jeu de passe de Xavi ou Iniesta, et la sélection espagnole l'a reproduit.

L'avènement du "milieu-passeur"

Dans ces formations à quatre bandes, le milieu de terrain est prépondérant. Et depuis quelques années, on a assisté à l'avènement de milieu-passeur, type Xavi. Car dans un système à trois milieux centraux, le plus répandu aujourd'hui, chaque joueur de ce trio n'a pas le même rôle. Pour prendre l'exemple du Barça, son milieu de terrain en triangle était souvent composé de Yaya Touré ou Sergio Busquets en milieu défensif, et d'Iniesta et Xavi en milieux centraux plus avancés. Touré ou Busquets jouaient ainsi le rôle de sentinelle devant sa défense, tandis que Xavi et Iniesta étaient chargés de réaliser le lien entre la défense et l'attaque, l'un principalement par sa qualité de passe (Xavi), l'autre également par ses facultés de pénétration (Iniesta).

La philosophie de jeu de Barça a ainsi amené une révolution tactique. Place aux formations à quatre bandes, fluides, dynamiques, mobiles, aux oubliettes le 4-4-2. Néanmoins, ces organisations type Barça impliquent des qualités techniques et de vivacité dont ne sont pas dotées toutes les équipes. Et tous n'adoptent également pas cette philosophie de jeu. Le fameux « kick and rush » britannique, encore très présent même en Premier League dans les clubs du milieu et bas du tableau, est par exemple plus efficace dans un 4-4-2, car la construction du jeu est éludée, le milieu de terrain régulièrement sauté. On cherche à s'appuyer sur un attaquant-pivot, au rôle de remiseur pour un autre attaquant qui lui tourne autour. Tout le monde ne peut donc pas se permettre d'adopter le style de jeu du Barça. Reste que de par ses succès sur la scène européenne et mondiale, il est devenu le modèle à copier.

2 commentaires:

Co' a dit…

Pour le 4-4-2, il y a quand même le Bordeaux de Laurent Blanc qui a offert pas mal de choses intéressantes dans la construction avec Diarra en sentinelle, Gourcuff en 10 et Plasil + Wendel sur les côtés.

Après, je sais pas comment tu peux interpréter cela mais trois des quatre équipes qui ont été en demi-finales de Coupe du Monde évoluaient en 4-2-3-1 et à y regarder de plus près, seul celui de l'Espagne ressemblait à un 4-3-3 avec Villa qui partait sur le côté gauche quand Torres jouait et Xavi qui revenait au niveau de la paire Busquets - Xabi Alonso.
Pour les reste, Allemagne et Pays-Bas sont toujours restés avec deux joueurs devant la défense et un meneur de jeu, sauf dans certaines phases et je pense qu'on voit aussi en ce moment l'avènement de la paire Gros Récupérateur façon Khedira et Beau technicien façon Schweinsteiger. En tout cas, le 4-3-3 n'a pas été très utilisé pendant le mondial (sauf la France, mais on ne peut pas vraiment en tirer grand chose...).

Julien a dit…

Comment interpréter cela ? Eh bien comme je l'ai fait dans l'article. C'est le signe que les formations à quatre bandes sont désormais "reines".

Pour le Bordeaux de Blanc, il a rarement évolué en 4-4-2, mais plutôt avec Fernando, Diarra, Gourcuff, Plasil et Wendel au milieu, et Chamakh seul devant.

Et quand je remets en cause le 4-4-2, je parle bien du 4-4-2 à plat. Quand Bordeaux évoluait en 4-4-2, c'était plutôt un 4-1-2-1-2, voire 4-1-3-2.

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