Oui, Nasri et Gourcuff peuvent évoluer ensemble

Yoann Gourcuff ayant purgé sa suspension et Samir Nasri s'étant rétabli de sa blessure, les débats vont bon train pour savoir s'il faut les aligner ensemble sur le terrain face à la Roumanie samedi, puis face au Luxembourg mardi. Jouer avec deux meneurs de jeu au profil en apparence similaire serait une erreur, pour certains. Or, Gourcuff et Nasri n'ont pas exactement les mêmes aptitudes, et peuvent donc être utilisés ensemble, mais dans un rôle différent, de manière complémentaire.

Lorsqu'un entraîneur décide de la composition de son milieu de terrain, il décide souvent en fonction de la complémentarité des joueurs. Dans un 4-2-3-1, par exemple, les deux milieux défensifs ont rarement les mêmes caractéristiques : on retrouve souvent un relayeur-passeur, et un récupérateur pur. Et souvent, un joueur est désigné comme « meneur de jeu ». Aujourd'hui, Laurent Blanc se trouve face à un dilemme : est-il possible de faire évoluer Yoann Gourcuff et Samir Nasri ensemble ? La réponse est oui, mais à condition de leur affecter un rôle différent.

Gourcuff plus en retrait

Yoann Gourcuff, s'il a pour habitude d'évoluer en soutien de l'attaquant, est tout à fait capable de jouer plus bas, en position de meneur de jeu reculé, en quelque sorte. Il a un volume de jeu et une capacité athlétique qui le rendent utile et plutôt efficace pour la récupération du ballon. En phase offensive, plus que sa qualité de dribble, c'est par ses passes et sa vision du jeu qu'il fait merveille. Le situer plus bas sur le terrain permettrait de gommer son manque de vitesse (qui devient un impératif en soutien de l'attaquant), et de le mettre face au jeu, pour pouvoir orienter les attaques. D'autant que sa qualité de frappe permettrait de combler une lacune des Bleues, qui ne tentent que trop rarement leur chance de loin. Samir Nasri, de son côté, brille plutôt par sa vivacité, sa capacité de dribbler dans les petits espaces, ses perforations dans la défense. Il est donc logique de le placer plus haut que Gourcuff, à un poste mettant en valeur ses qualités, en soutien de l'attaquant de pointe. Ainsi, avec Gourcuff dans un rôle de relayeur-passeur, et Nasri dans celui de perforateur, il est possible de trouver une complémentarité à ces deux joueurs en apparence similaires.

Dans quel système ?

Reste maintenant à déterminer dans quel système ils pourraient le mieux s'exprimer. Dans un 4-3-3, comme celui utilisé en Bosnie, Samir Nasri évoluerait dans une position trop reculée, et à un poste identique à celui de Gourcuff. C'est dans une situation pareille que cela risque de poser problème. Car les faire évoluer ensemble au même poste (milieu plus avancé du triangle), c'est prendre le risque de perdre en diversité, et de se retrouver sans solutions en cas d'opposition bien en place. Car plus reculé, Nasri aurait un jeu similaire à celui de Gourcuff. Dans une telle configuration, un milieu plus athlétique, comme Diaby, serait plus indiqué. Nasri et Gourcuff serait alors mis en concurrence.

Le 4-2-3-1, en revanche, comme on l'a évoqué, semble être le système qui permettrait d'utiliser au mieux les qualités des deux joueurs, et de les faire évoluer dans des registres différents. Gourcuff évoluerait un tout petit peu plus haut que le milieu récupérateur auquel il serait associé, faisant le lien entre la défense et les quatre joueurs offensifs. Nasri serait de son côté en charge de soutenir l'attaquant de pointe.

Dans un 4-4-2 en losange, parfois utilisé par Blanc, il semble peu probable de les voir évoluer ensemble, car ils sont tous deux moins à l'aise quand ils sont désaxés. D'autant que d'autres joueurs semblent mieux convenir pour ce système (Malouda notamment).

Un milieu de terrain très riche

En définitive, on ne peut que se satisfaire de la richesse des possibilités offertes à Laurent Blanc pour son milieu de terrain. Car peu de joueurs ont le même profil, ce qui implique forcément la mise en place d'un entre-jeu complémentaire, offrant des solutions diversifiées tant défensivement qu'offensivement. Même si les blessures (A. Diarra, Diaby incertain) restreignent quelque peu les choix du sélectionneur, cela permet de s'adapter à différents types d'adversaires. Là où Domenech s'enfermait dans un schéma tactique systématiquement identique, Blanc semble être quant à lui prêt à chercher la meilleure formule pour chaque adversaire des Bleus. Même si au fur et à mesure, une hiérarchie devrait peu à peu s'établir.