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La vidéo, pas la panacée (2/4) : comment l'intégrer au jeu ?

A chaque erreur d'arbitrage, le débat sur la vidéo refait surface. On a pu le constater à nouveau lors de cette Coupe du monde en Afrique du Sud, avec le scandale du but refusé à l'Anglais Frank Lampard en huitième de finale, face à l'Allemagne. La vidéo est vue par beaucoup comme la panacée, la solution miracle qui résoudrait les problèmes d'arbitrage. Pourtant, de nombreuses questions, qui viendraient remettre en cause cette prophétie, sont souvent éludées... La seconde : comment l'intégrer au jeu ?



Si l'on admet que l'utilisation de la vidéo peut être utile, il faut résoudre le problème de son intégration dans le jeu. Le football est un sport fluide, dynamique, aux arrêts de jeu limités. C'est pourquoi la comparaison avec le rugby, fréquemment rencontrée, est peu pertinente. La vidéo n'y est utilisée que pour décider de la validité d'un essai, et le jeu est arrêté d'office lorsqu'il y a un doute sur une situation d'essai. Dans le football, une telle application ne serait pas judicieuse, et plusieurs problèmes se poseraient.

Vidéo sollicitée ?

Est-ce à l'arbitre de demander la vidéo ? Aux capitaines des deux équipes ? Aux entraîneurs ? Dans ce cas, à quel moment cela pourrait-il se faire ? Si on autorise la demande de vidéo directement à la suite de l'action, faut-il imposer une limite de temps (10 secondes après, 30 secondes après ?) ? Et comment cette demande s'effectuerait-elle ? Dans le feu de l'action, il peut se passer énormément de choses en très peu de temps, et l'arbitre ne remarquerait pas forcément tout de suite la demande de vidéo. Cela créerait des situations confuses. De même, cela pourrait être générateur d'injustice si l'assistance vidéo est utilisée pour rien. Prenons un exemple. Dans la foulée d'une situation litigieuse, l'équipe qui défendait se retrouve en position favorable, mais le jeu est interrompu pour la vidéo. Cependant, on se rend compte que la décision de l'arbitre était la bonne. On a alors annihilé une occasion de but pour rien. En plus de la confusion et des possibles injustices, une telle intégration de la vidéo dans un match pourrait mener à son utilisation abusive à des fins "tactiques". L'autre possibilité serait d'attendre l'arrêt de jeu qui suit pour autoriser la demande de vidéo. Mais que se passe-t-il si un évènement "marquant" (but, expulsion...) se produit entre temps ? On annule tout ? Bonjour la confusion !

Vidéo "imposée" ?

Pour certains, il faut créer un arbitre-vidéo, qui visionnerait les images et interviendrait de lui-même en cas de décision à corriger. Sans aller jusqu'à la solution extrême proposée par Jean-Marc Guillou (ancien international français, fondateur de l'Académie qui porte son nom, formatrice de jeunes joueurs africains), qui propose même de supprimer l'arbitre central au profit de cet arbitre-vidéo, cette idée propose ainsi une relecture constante des moindres décisions de l'arbitre "de terrain". On a évoqué dans l'article précédant la problématique des situations auxquelles le recours à la vidéo pourrait s'appliquer (lire ici). Le problème serait relancé par la création de cet arbitre extérieur au jeu, que l'on pourrait être tenté de faire intervenir sur des fautes non sifflées par exemple. Or, tout est question d'interprétation, les débats interminables sur les décisions des arbitres en sont la preuve. Il est donc préférable de préserver l'autorité de l'arbitre sur le terrain, plutôt que de la saper en confiant les pleins pouvoirs à un arbitre-vidéo qui ne serait pas hors du contexte du match. Et là aussi, la question du timing de l'intervention de l'arbitre-vidéo est déterminante. Dans le feu de l'action ? Comme on l'a dit, il peut se passer beaucoup de choses entre-temps, cela pourrait donc être délicat. Au premier arrêt de jeu ? Nous avons déjà expliqué en quoi cela poserait problème.

La question de l'intégration de la vidéo dans le match de football est donc complexe, et il n'existe pas de solution parfaite. Comme nous l'avons évoqué, la vidéo contribuerait à créer de la confusion, et par conséquence de la nervosité chez les joueurs. Ruinant ainsi tous les efforts des arbitres qui, avec psychologie, s'efforcent de garder le contrôle sur les matches.

La vidéo, pas la panacée (1/4) : à quelles situations l'appliquer ?
La vidéo, pas la panacée (3/4) : à qui la décision finale ?
La vidéo, pas la panacée (4/4) : quid du fournisseur des images ?

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