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La vidéo, pas la panacée (3/4) : à qui la décision finale ?

 A chaque erreur d'arbitrage, le débat sur la vidéo refait surface. On a pu le constater à nouveau lors de cette Coupe du monde en Afrique du Sud, avec le scandale du but refusé à l'Anglais Frank Lampard en huitième de finale, face à l'Allemagne. La vidéo est vue par beaucoup comme la panacée, la solution miracle qui résoudrait les problèmes d'arbitrage. Pourtant, de nombreuses questions, qui viendraient remettre en cause cette prophétie, sont souvent éludées... La troisième : à qui confier la décision finale ?




Le choix du décisionnaire final est prépondérant, car il détermine qui détient l'autorité du jeu. Aujourd'hui, c'est l'arbitre central qui prend les décisions, aidé en cela par les deux arbitres assistants, qui peuvent intervenir pour des hors-jeu, des fautes, ou indiquer si le ballon a franchi la ligne ou non. Or, l'introduction de l'arbitrage vidéo dans le football remettrait en question l'équilibre actuel.

A l'arbitre central ?

Si l'on décide de laisser la décision finale dans les mains de l'arbitre central, cela signifie qu'on l'associe au jugement de l'image. L'assistance vidéo est demandée en cours de match, d'une manière ou d'une autre (lire ici), et l'arbitre central visionne lui-même les images grâce à un moniteur qui serait placé au bord du terrain. Cette solution permettrait de préserver l'autorité de l'arbitre central. Cependant, elle n'est pas parfaite. Car si un arbitre se rend compte qu'il a pris une mauvaise décision, certes il peut la corriger, mais cela pourrait contribuer à créer un doute lors des prochains coups de sifflet importants qu'il aura à donner. Si cette remise en question de ses décisions se reproduit à plusieurs reprises au cours d'un match, un arbitre peut perdre confiance, perdre le contrôle du jeu (les joueurs étant incités à contester), et donc passer à côté de son match. Le doute permanent qu'instiguerait l'arbitrage vidéo créerait une atmosphère malsaine autour de l'arbitre (atmosphère déjà présente, mais encore plutôt cantonnée aux colonnes des journaux et aux émissions de radio ou de télé) sur le terrain.

A un "arbitre-vidéo" ?

L'une des idées à la mode est la création d'un "arbitre-vidéo", extérieur au jeu et au terrain. Nous avons déjà développé les problèmes que cela entraînerait au niveau de sa mise en place dans l'article précédent. Mais du strict point de vue de la prise de décision, si on donne le pouvoir à cet "arbitre-vidéo" de déjuger de lui-même une décision de l'arbitre central, l'autorité est alors transférée du terrain vers la cabine vidéo où il se trouve. Les arbitres sur le terrain perdent toute autorité, puisqu'ils peuvent être déjugés à tout moment. Cela pourrait mener à des situations extrêmes : la suppression des arbitres de terrain, et la création d'un arbitrage uniquement par vidéo, cloîtré dans une pièce remplie d'écrans affichant les images filmées par les caméras. Loin du jeu, loin des joueurs. Finies la psychologies, l'explication des décisions... On créerait un arbitrage robotisé, froid, impersonnel. Bien loin de l'esprit du jeu. L'instauration d'un arbitre-vidéo tout puissant serait donc on ne peut plus néfaste pour le football lui-même.

La question du décisionnaire final est donc difficile à régler, car le risque de remise en cause de l'autorité de l'arbitre central par la vidéo est grand. Les arbitres ont besoin de sérénité. L'atmosphère créée par la télévision, les multiples ralentis, les images décortiquées pour scruter la moindre erreur d'arbitrage, contribue déjà à saper la confiance qu'ont à la fois les acteurs directs (joueurs, entraîneurs...) et indirects (supporters, médias...) dans les arbitres. Il serait temps de mettre fin à cette hystérie autour de l'arbitrage.

La vidéo, pas la panacée (1/4) : à quelles situations l'appliquer ?
La vidéo, pas la panacée (2/4) : comment l'intégrer au jeu ?
La vidéo, pas la panacée (4/4) : quid du fournisseur des images ?

11 commentaires:

Co' a dit…

Salut Ju' :)

Articles sympas :)

Même si le quatrième n'est pas encore paru, cela montre tout le casse-tête autour de cette histoire de vidéo. La plupart de ses partisans ne répondent pas à ces questions ou, quand ils le font, prônent des solutions drastiques.
Je suis perso' partisan de l'arbitrage à cinq, même si cela sera compliqué à appliquer à tous les niveaux au vu du nombre de personnes que cela exigerait. Contrairement à ce que dit Roux, ça ne créerait pas des erreurs supplémentaires. Souvent pour certaines questions, il y a que deux choix possibles : Rentré ? Pas rentré ? Faute ? Pas Faute ? Il y aurait juste une garantie et des yeux supplémentaires pour éviter les erreurs. A condition, néanmoins, que le rôle des assistants ne soit pas minime dans la prise de décision du central comme c'est le cas actuellement.

Anonyme a dit…

Je reviens sur cette phrase:
"un arbitre peut perdre confiance, perdre le contrôle du jeu (les joueurs étant incités à contester)"

Je pense que quiconque ayant fauté ne souhaitera pas réclamer un arbitrage vidéo (possibilité d'une sanction pour demande abusive de la vidéo si le joueur quémandeur est en tort).

De ce fait, la vidéo si elle est autorisée auto régulera le match.
Fini les fautes pour déstabiliser les joueurs adverses ou la béquille discrète, car à chaque fois le joueur blessé réclamera s'il n'est pas en tort la vidéo et de ce fait les joueurs ne prendront plus le risque ni de simuler, ni d'entraver le déroulement du jeu par une manœuvre non fair play.

--> On est donc devant un dialogue de sourd de la part de la fédé' qui cherche à discréditer l'arbitrage vidéo par des moyens retors et invalides.

Anonyme a dit…

Sinon en ce qui concerne la suppression des arbitres, il suffit de prendre exemple sur le rugby pour se rendre compte que c'est une politique d'autruche que de proférer la disparition de l'arbitrage "humain".

Les arbitres auront recours à la vidéo uniquement en cas de conflit et ces conflits seront moindres dans la mesure ou le jeu sera plus fair play sous la menace de l'objectif.

Julien a dit…

Bonjour, "Anonyme", et merci de participer au débat !

Donc si je vous comprends bien, on pourrait demander la vidéo pour n'importe quelle situation litigieuse, même la moindre petite faute ? J'ai développé ici (http://aworldoffootball.blogspot.com/2010/07/la-video-pas-la-panacee-14-quelles.html) pourquoi j'estime que cela serait néfaste pour le football.

Et dans l'utilisation que vous proposez, certes la vidéo pourrait avoir un effet dissuasif, mais elle pourrait mener à des matchs interminables, à cause de débats futiles sur des fautes mineures qui sont affaire de jugement, et qui sont rarement indiscutables.

Anonyme a dit…

Et ainsi considérer la faute mineure comme faute à part entière.
Certes la faute fait partie de la stratégie, mais l'enrayer et la faire disparaître ne peut qu'améliorer l'image ternie du football actuel.

J'estime que les matchs ne seraient pas interminables dans la mesure ou la contestation n'existerait que si le joueur avait le sentiment ou la conviction de n'être pas allé volontairement à la faute.

Dès lors une demande abusive (dans la mesure où il y a effectivement faute) entrainerait un carton, ce qui découragerait les plus hardis à tenter le diable.

Je vais dès à présent lire l'article linké ;)
(et réagir a posteriori... si nécessaire)

Julien a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Julien a dit…

Julien Momont a dit…

Oui, sauf que beaucoup de fautes sont discutables. Les petits contacts peuvent être jugés différemment d'un arbitre à l'autre : l'un peu être plus strict, par exemple.

De même, les exagérations des joueurs actuels au moindre petit contact ompliquent la tâche. Et je ne pense pas que ce comportement change avec la vidéo. Il est difficile de juger dans ces cas si le contact en lui-même est réellement une faute, ou s'il ne le devient que parce que le joueur tombe. Le football est un sport de contacts, justement, et la limite est souvent très floue entre faute/pas faute.

Anonyme a dit…

Les petits contacts seront donc à bannir.
Et croyez moi, sous l'ombre d'une caméra-arbitre (qui assiste les arbitres), la simulation sera grandement réduite, c'est plus qu'une certitude.

Le rugby (encore lui u_u) et un sport de contacts aussi, et pourtant la vidéo y a fait une entrée très bonne.)

Julien a dit…

Et pourtant la vidéo n'est utilisée au rugby que pour juger s'il y a bien essai ou non, pas pour les pénalités ou autres !

Les petits contacts à bannir ? Impossible, les joueurs ne vont pas rester à 2 mètres les uns des autres sur un corner, par exemple. Le marquage est central dans le football, on ne peut bannir tous contacts.

Anonyme a dit…

La vidéo concernant le rugby n'est pas seulement pour juger s'il y a essai. La vidéo juge les situations d’essai dans l’en-but et donc tout ce qui s'y déroule. On pourrait dans ce cas proposer une mise en place de la vidéo seulement au niveau de la surface de réparation, elle y aurait sa place sans problème.

Anonyme a dit…

(et concernant votre opinion sur les fautes, je le réitère, mais le rugby est encore plus un sport de contacts que le foot.)

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