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La vidéo, pas la panacée (4/4) : quid du fournisseur des images ?

Photo AFP
A chaque erreur d'arbitrage, le débat sur la vidéo refait surface. On a pu le constater à nouveau lors de cette Coupe du monde en Afrique du Sud, avec le scandale du but refusé à l'Anglais Frank Lampard en huitième de finale, face à l'Allemagne. La vidéo est vue par beaucoup comme la panacée, la solution miracle qui résoudrait les problèmes d'arbitrage. Pourtant, de nombreuses questions, qui viendraient remettre en cause cette prophétie, sont souvent éludées... La dernière : quid du fournisseur des images ?



Alors que les chaînes de télévision payent chaque fois un peu plus cher pour s'octroyer les droits de diffusion des rencontres de football, il est difficile d'imaginer qu'elles ne tentent pas de profiter de l'introduction de l'arbitrage vidéo pour occuper une place encore plus importante dans le monde du football, quitte même à en devenir un acteur direct, doté d'une influence sur le déroulement du match. Les chaînes de télévision fourniraient donc les images qui seraient utilisées en cas de recours à l'assistance vidéo. Après tout, tout est déjà prêt, non ? Les ralentis sous tous les angles, le révélateur de hors-jeu, le " super ralenti"... Quoi de plus simple alors que d'utiliser tous ces outils pour aider l'arbitre central, me direz-vous ?

Oui, mais non. Car les médias ont trop d'intérêts en jeu dans le football pour que leur rôle de "fournisseur d'images" pour l'arbitrage vidéo ne mène pas à des dérives. Le fait que certains médias puissent être actionnaires de clubs ne crée-t-il ainsi pas un problème éthique ? N'y aurait-il pas un conflit d'intérêt entre le rôle d'actionnaire, dont l'objectif est de maximiser son profit, et celui d'intervenant "impartial" dans l'arbitrage vidéo ? Car sans aller jusqu'à dire que les chaînes de télévision prendraient elles-mêmes les décisions arbitrales sur les situations litigieuses, ne seraient-elles pas tentées d'orienter ces décisions, en ne proposant que certains angles de vue, par exemple ? L'hypothèse de la non soumission d'une image qui irait à l'encontre de ses intérêts par une chaîne de télévision n'est pas inimaginable. Prenons un exemple. Canal + a longtemps été l'actionnaire majoritaire du Paris Saint-Germain. Étant le principal diffuseur des rencontres de Ligue 1, il est probable que ce soient ses images qui soient utilisées pour juger des situations litigieuses. Or, n'y a-t-il pas un conflit d'intérêt possible dans l'application de ce système aux matches du PSG ?

La loi du football "spectacle"

Même sans aller jusqu'à l'actionnariat direct, les chaînes de télévision ont, via leurs audiences, des intérêts à préserver. Elles font tout pour que le football qu'elles diffusent soient un spectacle. Lors de situations litigieuses, ne pourraient-elles pas orienter les décisions vers cette idée de spectacle ?

Bien entendu, il ne faut pas devenir paranoïaque et tomber dans le piège de l'éternel complot médiatique. Un système de contrôle de l'émission des images paraît d'ailleurs facile à mettre en place. Simplement, ces questions méritent d'être posées, pour que si un jour l'arbitrage vidéo doit être instauré, toutes ses implications soient bien étudiées, réfléchies, afin de ne pas avoir de mauvaise surprise.

La vidéo, pas la panacée (1/4) : à quelles situations l'appliquer ?
La vidéo, pas la panacée (2/4) : comment l'intégrer au jeu ?
La vidéo, pas la panacée (3/4) : A qui confier la décision finale ?

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